La Lampe TM: "la Loupiote".
Le 3 Août 1914, lendemain de la déclaration de guerre, le commissaire de police du port de Calais prévient le Colonel Ferrié qu'un certain Paul Pichon en délicatesse avec l'armée et en situation irrégulière à son arrivée des Etats-Unis, insiste pour le rencontrer. Il est porteur de matériel De Forest.
Gustave Ferrié, Colonel, Directeur du Service Technique de la Télégraphie Militaire a déjà entendu parler de Paul Pichon. Il demande qu'il lui soit immédiatement transféré.
Paul Pichon ingénieur français intelligent et cultivé, vit en Allemagne depuis le début du siècle. Après avoir été précepteur des enfants du Comte Von Arco, Président de la Téléfunken, il est promu grâce à ses grandes connaissances techniques chef du Service des Brevets.
C'est à ce titre qu'il vient d'effectuer un voyage aux Etats-Unis, il rapporte avec lui plusieurs Audions De-Forest destinés à la Téléfunken. Devant le problème de conscience qui se pose à lui lors de l'escale à Southampton, il choisit son pays natal. La description enthousiaste qu'il fait des Audions à Gustave Ferrié finit par convaincre celui-ci de leur intérêt.
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Gustave Ferrié (1868-1932) |
Gustave Ferrié, très connu pour ses compétences en télégraphie sans fil, a déjà rencontré Lee De-Forest en France puis aux Etats-Unis. Il avait perçu l'intérêt de cette découverte et avait même fait venir un hétérodyne et un amplificateur équipés d'Audions pour expériences. Mais ceux ci, peut-être oubliés en cette période troublée, attendaient depuis quelques semaines dans la station TSF de la Tour Eiffel.
L'Audion De-Forest a un fonctionnement capricieux du fait de sa conception et du vide de mauvaise qualité. Les essais des échantillons rapportés sont plutôt décevants. Gustave Ferrié les confie à Henri Abraham, professeur de physique à la Sorbonne, directeur du laboratoire de physique de l'Ecole Normale Supérieure, qui lui est enthousiasmé par cette invention.
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Henri Abraham (1868-1943) |
Devant un tel enthousiasme, Gustave Ferrié missionne Henri Abraham pour développer un Audion français simple, robuste et peu onéreux. Il est envoyé à la Station de Lyon la Doua qui vient de recevoir un puissant émetteur initialement destiné à l'Indochine. Il s'adjoint les services de François Péri (Chef du service radio d'Indochine) et de Joseph Berthenod (Ingénieur à la Société Française de Radioélectricité). Le choix de Lyon n'est pas dû au hasard: un second émetteur éloigné de celui de la Tour Eiffel est nécessaire pour des raisons stratégiques. De plus, il existe à Lyon une industrie de la lampe à incandescence qui maitrise le travail du verre: les usines Grammont dont le directeur Jacques Biguet est sollicité.
Après quelques essais infructueux ou trop coûteux un modèle d'électrodes émerge associant une anode cylindrique, une grille spiralée et un filament, disposés de façon concentrique. Ces électrodes sont montées verticalement. Cette "Lampe Abraham" donne des résultats prometteurs et est fabriquée en petite série. Du fait de la mésentente entre Abraham et Peri, Gustave Ferrié fait rappeler Abraham à Paris.
La lampe Abraham est cependant fragile, en particulier lors du transport. Cette fragilité est due à la disposition verticale en porte à faux des électrodes. Peri et Biguet (peut-être sur les conseils de Ferrié) élaborent dès Octobre 1915 un montage horizontal solide des électrodes.
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Dessin de François Peri accompagnant un courrier du 14 avril 1916 adressé au Colonel Ferrié. (Document de la bibliothèque centrale de l'Ecole Polytechnique) |
Le culot détrompeur à 4 broches B4 est mis au point à cette époque et remplace le culot à vis. La TM dans sa forme définitive est née. Elle entre en production en novembre 1915. Son succès est énorme. Elle sera produite à plus d'un million d'exemplaires pendant la guerre et sera adoptée par l'ensemble des armées alliées (lampes R des Anglo Saxons) et même par les transmissions allemandes!*
Ce succès n'est pas celui d'une seule personne, mais l'enthousiasme et les qualités de meneur d'hommes de Gustave Ferrié furent déterminants. Il sera nommé Général en 1919 et élu membre de l'Académie des Sciences en 1922.
La firme Grammont Fotos de Lyon produira les premières TM, elle sera relayée en Mars 1916 par la Compagnie Générale d'Electricité à Ivry (Lampes Metal) et plus tard par la Radiotechnique à Lyon puis Suresnes et la SIF (Société indépendante de TSF) à Malakoff.
D'abord réservées à l'usage militaire, les lampes TM deviendront accessibles au public en 1920 et seront produites jusqu'au début des années 30. Leur filament de Tungstène est porté à haute température par un courant continu de 4 volts. Leur consommation est importante (0,7 ampères) et leur durée de vie courte (une centaine d'heures).
* CF Lampes anciennes étrangères, Tubes Téléfunken EVE173 et Seddig RJW
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TM Grammont Fotos à gauche, TM Métal à droite. |
![]() Rare TM mordorée (Métal?) et TM à culot en Y Radiola 1922-1923 (La Radiotechnique) |
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Devant la difficulté à réaliser un classement chronologique, les lampes suivantes sont classées par ordre alphabétique de la marque et dans chaque marque par ordre alphabétique du type.
CYRNOS Micro-Trigrille. (Pentode de puissance) 1925
DARIO à identifier (Tétrode à grille écran) Fin années 20
DARIO I4091 (Tétrode à grille écran) 1929
DARIO R29 (Triode de sortie) 1924
DARIO R636 (Triode universelle secteur à chauffage direct 0,6v, bornes latérales) 1927
DARIO R655, R675, R678 (Triodes universelles) et R677 (Triode finale). (Tubes secteur à chauffage direct 0,6v, 4 broches) 1927
DARIO RT56 (Double triode, détection) 1925
GRAMMONT (RADIOFOTOS) C9. (Triode universelle) 1926?
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GF pour "Gros Filament"? 2 variantes |
GRAMMONT (RADIOFOTOS) Triode universelle 1925?
GRAMMONT (RADIOFOTOS) VTM50 osc. (émission) 1925?
JB Micro-Triode. (Triode universelle) 1925?
JUNOT (PERICAUD) Détecteur. (Triode détection) 1923
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